Je n’ai jamais caché mon identité, j’ai toujours été fier d’être Centre-Africain et Peul 

 

Une grande famille dans la brousse centre-africaine… 

Bairo est un jeune centre-africain, venant du cœur de l’Afrique, dans un petit village non-géolocalisé par Google Maps, nommé « Ptit ». Dans ce village sans électricité, ni école, son père était éleveur, il s’occupait des vaches et de quelques chèvres. Sa famille était nombreuse, très nombreuse : 23 enfants, dont 10 avec sa propre mère. Ils étaient très importants dans la région, certains membres sont même chefs des villages aux alentours. Les Rebelles, sévissant dans le Nord du pays, les ont obligés à quitter leur village, leur patrie, pour s’établir au Cameroun. Aujourd’hui, Bairo est seul au Maroc, une partie de sa famille est restée au Cameroun et l’autre se trouve dans des camps de réfugiés.  

Bairo, le joueur de fléchette au regard avisé ! 

Lorsqu’on lui demande un souvenir heureux de la Centre-Afrique, Bairo se souvient d’un jeu très particulier, requérant agilité et dextérité… A dos de cheval et munis de fléchettes, il s’amusait avec des amis, à tirer sur des arbres. L’objectif est simple : être le premier à atteindre la cible, tout en gagnant la course de chevaux. A vos marques, prêts, viser ! 

Une cuisine très riche en protéines ! 

Etant un fils d’éleveur, Bairo a mangé beaucoup d’aliments à base de lait de vache. Il se rappelle un fromage préparé par sa maman, qu’il appelle Niebamnai. C’est un fromage préparé par les Peuls et les Touaregs, ressemblant à de la mozzarella. « Il faut le laisser reposer comme un yaourt » conseille Bairo. 

La Centre-Afrique est également grande consommatrice du fameux koko. Plante tropicale sauvage, le koko est présent particulièrement dans le Sud-Ouest de la République Centre-Africaine, s’accompagnant d’un poisson fumé ou d’une viande de bœuf. 

Toutes les viandes et poissons doivent évidemment être accompagnés d’une bonne sauce ! Parmi ses préférées, il y a le Foléré (feuilles acidulées qui se consomment comme repas ou jus naturel) ou la sauce Arachide. 

Pour finir votre repas avec une touche sucrée, Bairo vous conseille de déguster le Dakéré, appelé aussi Déguê ou Thiakry. Il nous donne généreusement les étapes de sa préparation. Premièrement, il faut mettre de l’eau dans le fond de la marmite, mettre la farine de maïs ou de mil (sous forme de grain). Pensez à bien refermer le couvercle. Dans un autre bol mélangez du yaourt et du sucre. Ajoutez le mélange de sucre et de yaourt avec la farine, puis formez des boules. Et voilà, votre Dakéré est prêt ! 

Bairo, Peul et fière de l’être. 

Bairo est d’origine Peul. Les Peuls, présents dans toute l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale sont généralement des éleveurs et des commerçants. De confession musulmane, c’est une ethnie qui est souvent en minorité dans les différents pays africains. « Normalement, les Peuls doivent rester sur leurs terres, ils ne doivent pas partir », déclare Bairo, qui souhaite peut-être un jour revenir dans son pays.  « Au Cameroun, je n’ai jamais caché mon identité, j’ai toujours été fier d’être Centre-Africain et Peul ». Bairo reconnaît la difficulté de vivre au Cameroun et particulièrement en tant que Centre-africain.  L’adolescent se souvient de Centre-africains, cachant leur identité pour gagner l’acceptation de la population. Lui, jamais il n’a cherché à la dissimuler. 

Plus tard, il aimerait étudier la politique et l’histoire. Dans son village, il n’a pas eu l’opportunité de se rendre à l’école, il a appris le français dans la rue, de lui-même. Bairo révise chaque jour à la Fondation Orient-Occident, pour apprendre et se donner les chances d’atteindre ses ambitions…